Cyber-blablas...
(2)
Dans la série j'ai lu pour vous : "Le hold-up planétaire ou la face
cachée de micro$oft" de Roberto DiCosmo et Dominique Nora, aux Editions
Calmann-Lévy, 92 biftons.
-"Compétent en informatique, moi ? un pauvre Atariste ? Pas vraiment,
mon adjudant, je bidouille un peu pendant mes nuits, c'est tout..."
-"Tu feras donc des macros Visual Basic for Application sous Excel."
-"A vos ordres."(mine peu réjouie)
Qu'est-ce qui m'a pris de déclarer un de mes passe-temps comme compétence ?
Bon. je m'y colle, regardant quelques exemples, et le soir, je savais
aligner du (pseudo)-code VBA sous Excel 5, zin3.1 sur un vieux 486.
Y sont modernes à l'Armée, la version 95 de leur OS arrive à peine et ils
pensent passer à NT incessamment sous peu. Et me refusent une connexion sur
le Net avec mon MégaST, parce qu'à cause des pirates, ils sont
hyper-méfiants. Ces kaki-béotiens ne connaissent pas Linux, estimé par les
plus grands des hackers ?
Un tour chez Virgin Champs-Elysées
Ayant quand même besoin de doc, je me rends dans un des boui-bouis
culturels qui ne ferment pas à 19h (23h30 dans le cas, présentement). Les
rayons docu-informatiques sont fournis bien que laissant une odeur billesque :
Access pour les nuls, Excel pour les nuls, Word pour les nuls, zin pour les
nuls... Je prends deux petits mémos sur la "prog" VBA sous Excel et Access
et commence à m'enfuir. La nausée submerge mon âme... Je suis presque sorti
de cet antre de minidouceurs que j'aperçois sous une table, bien à l'abri
des regards nonchalands, un bouquin qui ne m'est pas inconnu : "le hold-up
planétaire" écrit par un scientifique qui, comme tout le monde en ces
temps mercantiles, a fait sa promo détestable à la télé...
La culpabilité s'empare de moi, tenant deux petites brochures à la gloire
du suppôt du libéralisme à outrance. Je prends donc un exemplaire de
l'ouvrage en espérant racheter ma fôte, passe dans la rayon Heroic Fantasy
pour m'aérer et profiter de deux nouvelles productions de mes auteurs
favoris (Weis & Hickman), paye mon dû et file directement dans ma piaule,
hôpital Bégin.
Séquence lecture.
Le petit bouquin, blanc avec un peu de bleu, se lit aisément en 2h30. Il
faut dire que la première partie m'est plus ou moins familière : je sais
comme vous aussi, que billou n'a pas vraiment programmé le DOS, qu'il a
pompé les concepts sans vergogne, mange comme un ogre toutes entreprises
créatives...
La première partie est un joli résumé de
tous les coups foireux que, nous, personnes averties, savons entrevoir dans
l'actualité, ou lire dans notre Virus Informatique adoré. L'auteur se
révèle d'une grande culture, citant 2 fois Atari et Amiga, toujours
ensembles. A croire que les frères enemis d'hier sont les amis
d'aujourd'hui !
Cet ouvrage est également interactif ; un petit jeu se
trouve à l'intérieur, le principe étant de compter les occurences du mot
"micro$oft" :)
Mais l'intérêt du livre ne s'arrête pas à l'énumération
des opérations de la firme de Redmond.
Scientifique de formation, maîtrisant admirablement l'art de la
vulgarisation, et bien que la discussion se déroule sur le mode socratique,
l'auteur décortique les faits et nous montre le pourquoi du comment des
agissements de kro. Le libéralisme est vu sous son plus mauvais jour, il a
engendré sa supposée anti-thèse : un monopole/dictature, par l'argent et
l'entreprise.
Cela me rapelle la nouvelle fournie avec mon jeu préféré. Dans Frontier
Elite 2, on nous racontait que des entreprises avaient pris le contrôle la
planète, prenant le nom de "conglomérats" et remplaçant les gouvernements.
Ou est la réalité et la fiction ? Le "virtuel" est à la mode en ce moment,
et, au fur et à mesure que je continuais la lecture, j'ai eu peur.
Kro s'attaque à la Culture, achetant les droits de diffusion des
reproductions en bitplanes des oeuvres culturelles.
J'aime connaître
Ma mère me dit souvent que la dictature commence par s'approprier la Culture,
jusqu'à la brûler en place publique (on appelle cela un autodafé, j'ai
bien orthographié, maman ?), parce qu'elle permet l'éveil et la prise
de conscience de la population. Un héritage qui doit être partagé par tous
et qui permet à l'individu de s'épanouïr et de refuser le joux du dictat.
Un Van-Gogh ? Prenez le temps de le regarder et de vous enfuir d'une
triste réalité, loin de la servitude, dans ces gammes de couleurs et ces
subtilités qui ont fait de ce peintre un grand homme.
Lire Shakespeare ou Desproges ? Mais vous y verriez toutes les raisons de
rire quand le dictateur ne le veux pas.
Et que parler de Rousseau, lui qui démontre dans son langage Vieille
France, comment la force du dictateur est éphèmère et qu'il peut être
remplacé à tout moment par son Iznogoud préféré ?
Cela permet aussi de reconnaître un crétin quand on voit qu'il
expose ostentatoirement son "mein kampf"...
De pire en pire.
Je me moquais de kro au début du livre, j'ai commencé à en avoir peur, puis
l'effroi s'est emparé de moi (Note ultérieure : tiens, ça rime...).
Kro s'en prend à l'éducation.
C'est un des sanctuaire de la démocratie, car c'est là où, avant de se
remplir la tête de Culture, on nous la forme suffisamment (j'espère) pour
penser par nous-même (esprit critique, souvenez-vous ! de l'épisode
précédent).
Kro tente donc d'envahir les écoles et d'y imposer son zin et sa dîme. Et
bourrer ainsi le crâne des petites têtes blondes : "il n'y a qu'un OS de
bon pour vous, c'est zin" :(. Et ainsi bien (s')assoir (sur) son
monopole. Vous vous rapellez quand billou venait en France accueilli comme
un chef d'état, ou comme le messie qui allait nous apporter la remise à
niveau informatique ?
C'est la raison pour laquelle DiCosmo et ses confrères, murés dans leurs
antiques universités, ont sorti Linux de sa confidence et de son élitisme.
La fin du livre est à n'en pas douter une éloge à Linux et au logiciel libre.
D'ailleurs, quand j'y repense, le fil du discours est cousu de fil d'or et
la transition plus que bien réalisée. On présente d'abord le mauvais kro et
toutes ses innomables exactions. Et au final, Linux salvateur nous sauve du
destin funeste qui nous est promis. Alleluia !!
Et si Lunix devenait demain notre zin d'aujourd'hui ? Peu probable, car étant
libre et GNU à donf, il appartient à tout le monde... comme la Culture. Le
problème étant qu'il faut former les têtes blondes (que nous sommes pour la
plupart) à la maîtrise de celui-ci.
Et Atari, dans tout cela ?
Le problème "kro" n'est pas dû spécialement à son billou
de dirigeant. Je vous parie mon Falcon, que si les Atari étaient maintenant à la
place des PCs, c'est de Jackouille qu'on rigolerait, et nous Ataristes seriont des ploucs...
Car là-bas, on ne vit que par l'argent. La civilisation américaine et son
mythe du self-made man n'est qu'une abbhèèèrâtion parmi d'autres. Monsieur
Tramiel n'a d'ailleurs pas commercialisé nos ordinateurs chéris pour nous
faire plaisir. S'enrichir était son premier objectif et il a très bien
réussi. On ne peut parler d'oeuvre dans ce cas-là, son entreprise a coulé,
mais le capitaine vit des jours heureux.
Les gens qui comptent alors sont ces génies tels que
Shiraz, Miller, Small et autres Czuba, ces programmeurs doués
et qui passent leurs nuits à coder des merveilles
d'optimisation et de fonctionnalité, ces journalistes et rédacteurs
insomniaques par nécessité, ces commerçants informés et capables, ces
utilisateurs actifs anonymes et passionnés...
Je vais encore me
répéter, mais ce sont les gens qui sont importants. Pas la présence de
graveurs DVD, ni de pentium3, encore moins la taille du disque dur...
"Le holp-up planétaire", pavé de 187 pages avec des grosses lettres
(faites-le vous offrir), se termine par la triptique liberté, égalité,
fraternité.
Promis, juré, craché, si vous avez lu l'épisode précédent
du cyberblabla, j'ai pas plagié le bouquin ! Cette triologie est un lieu commun,
une place où le monde doué d'un minimum d'esprit critique et d'optimisme, ne peut
que se rejoindre.
Au fait, c'est quand le prochain salon Atari ?
Rajah Lone
Ecrit le 18/02/99