Archives de catégorie : Scribouillages

Memento Mori

Curieux, ces maux de tête qui n’en sont pas. Aucune douleur, sinon des sensations désagréables. Parfois une impression de congestion qui dure le temps le temps d’une soirée, au niveau de la tempe droite. Heureusement rarement ; la sensation qu’un vaisseau sanguin s’est ouvert sous l’effet d’une trop forte pression, ou qu’une décharge électrique se produit dans l’hémisphère droit du cortex. Cela dure pas plus d’une seconde. Pas grand chose. Juste le temps de penser que la vie est précaire, et que l’on peut défaillir l’instant qui suit.

La grande faucheuse est là. Oui ? Non ? Elle joue avec moi. Elle sera sérieuse, un jour. Mais ce n’est pas encore le moment.

Une fois, elle avait joué toute une journée. Cela doit être son petit plaisir. Je me souviens encore de cette traversée de la place Bellecour. J’étais étonnamment calme, conscient des choses autour de moi, à l’écoute du monde, en train d’apprécier l’instant présent… parce que l’instant suivant, il n’y aurait plus rien.
Cette immense vanité qu’est l’univers, cette vanitas vanitatis ne sera plus à mes yeux.

Je me souviens, ne t’inquiète pas. Entre temps, je profiterai des heures qui restent, à apprécier la vie pour ce qu’elle est.

Living-room, version 2.0

Parfois c’est juste un meuble qui se déplace, un autre qui est bazardé, ou alors quelques uns achetés. Parfois, on change tout, suite à une déception amoureuse ou un gros coup de blues : ça permet de virer la poussière accumulée derrière les étagères, de remettre de l’ordre dans son appart et dans sa vie. On optimise, on gagne de la place, on remanie selon les goûts du moment.

Donc la bibliothèque :

Le coin informatique, qui ne fait plus qu’un bureau, mais avec 3 ordinateurs au lieu de 2 :

Et petite nouveauté, le coin mediacenter. Ce n’est pas une télé, mais un moniteur informatique, avec un Mac mini G4 pour stocker mes DVDs, mater les vidéos podcasts avec Democracy…

Superficialité (éloge de)

Je suis ce qui lie les hommes quand l’amour et l’intérêt commun sont absents.
Je suis le masque, et j’avance masquée.
Cruelle, trompeuse et légère, je suis au dessus de tout.

A l’instar d’un antique sans-domicile-fixe ayant été possédé par la déraison, j’usurpe l’esprit et la main du propriétaire de ces lieux. Car de mon éloge, d’aucun n’en parle. Il va falloir que je m’adonne à cette douce folie que de se valoriser soi-même. Mais que diable…

Les hommes sont si aveugles. Difficile en effet de s’apercevoir de mon auguste présence : je suis apparence, forme, aspect, surface. Je suis la première chose dont ces crétins ont conscience, et la seule, si tant est qu’il ne font pas l’effort de voir au travers de moi, de discerner l’être sous le paraître. Je masque donc les choses : je suis beauté ou laideur apparente, premier degré d’une farce, représentation brute de la réalité, image simpliste, fait non analysé…
Mon omniprésence est omnipotence, ils ne peuvent tout assimiler et ne gardent pas même souvenir de moi. Je m’arrange pour leur faire croire qu’ils ont vu la vraie nature des choses et de leurs congénères, alors qu’ils n’ont vu que l’enveloppe.

Oh, il y a bien quelques exceptions : le théatre, la peinture, le cinéma… toutes ces formes de représentations sont bien codifiées. Je me présente dévoilée : image et/ou son, selon des topiques et des formulations que les hommes peuvent assimiler. Ils savent que je suis là et ne sont plus dupes avec moi. Je leur présente au théatre les vrais sentiments alors que les acteurs les feignent, je leur montre telle ou telle vertue symbolisée par un élément d’un tableau, je leur donne le sentiment du divin rien qu’avec quelques notes bien arrangées, je leur fait vivre des aventures exhaltantes rien qu’avec des mots… Dans ce royaume, je suis la forme qui définie la nature, qui conditionne l’essence, qui donne la profondeur.

Mais au dehors, je ne suis plus soumise. Et je m’amuse comme une folle. Dispersant quelques bienfaits, et surtout mes méfaits. Je ne me fatiguerai pas à être exhaustive, car il faudrait que j’énumère tout ce qui est arrivé depuis que les hommes ont pris conscience d’eux-même et du monde.

Je suis le masque, je sers donc aux individus à se cacher derrière, à gommer leur part de sauvagerie et à vivre en société. Je protège par exemple l’infantile sous une carapace de virilité, je cache la honte intérieure et la transforme en prétendue fierté, je calme le dédain et joue à l’amitié feinte, je permets le mensonge et la dissimulation.
Je pratique l’alchimie du bien et du mal, transformant les inavouables stratagèmes en générosité affichée, ou à l’inverse, je soulage l’homme dont la vie n’a pas fait de cadeau, lui apportant frivolité, plaisirs faciles et autres petits bonheurs qui ne demandent aucun approndissement, aucun travail.

Qu’il me plaît de voir tout ce beau monde jouer ! Qu’ils sont beaux, leur paraître se pavanant, leurs mensonges circulant ! Exit la sincérité des sentiments et la justesse des choses !

Et je réclame mon dû. Tôt ou tard, comme avec ce beau diable de Mephisto, il va falloir me payer. Certains peuvent avoir le beurre et l’argent du beurre, d’autres pairont à leur place. Que voulez-vous, je suis injuste, mais cela fait parti du contrat : parmi ces inavouables stratagèmes, il y en a bien qui font que la faute rejaillise sur autrui, que la pauvreté s’abatte sur le faible, que le déshonneur s’en prenne sur celui qui ne s’est pas défendu…

Mais pour la plupart, je reviens hanter mes adeptes les plus fervents, aussi sûrement que le diable et son docteur Faust. Ils imploreront que la vraie folie les prenne pour se défaire de mon châtiment. A ces moments de solitude obligatoire, souvent au seuil de la déchéance, vient aux hommes l’examen de conscience. Et j’arrive, prête à torturer l’âme et à en jouïr. Ils voient leur vie passer devant eux, se remémorent, se souviennent. Ils se représentent les images, les sons et leurs sentiments associés à l’intérieur d’eux-mêmes. Encore moi : apparences et formes. Comme dans la souricière d’Hamlet, je leur rejoue leur vie, et il prennent conscience. La réflexion les embrasse et les embarasse. Ils ne veulent se voir dans leur propre miroir. Tout part en abîme, si tant est qu’ils ont sur-joué avec moi et avec les autres. Ils sont face à leurs faux-semblants, confrontés à la puérilité de leurs actes. L’insignifiance de leur existence, voilà leur peine. Vie gâchée sur mon autel. Aigreur d’être passés à côté des choses importantes. Regret de s’être fourvoyés dans des trompes-l’oeil…

En attendant, je me délecte de quelques injustices. Ma préférée est celle de la laideur. J’ai donné un masque des plus déplaisants à certains. Je les torture au point de fausser leur jugement. Omnubilés par leur aspect extérieur, ils en oublient la noblesse de leur coeur.

Oh, il existe bien des rebelles à mon emprise. Certains en effet discernent un peu trop facilement la vraie nature de choses. Ils déconstruisent avec leur regard le montage du mythomane. Ils voyent le masque et vont au delà des apparences. A minima, qu’ils devinent qu’un discours sente le faux, ou a maxima, qu’ils poussent l’empathie au point de comprendre l’autre et vivre ses affects ; ils ont conscience de moi, et c’est suffisant pour que mon charme soit rompu.
Pas besoin que je les maudisse. Me sachant présente, ils se condamnent alors eux-mêmes à assister à une gigantesque pièce de théatre. Ils ne sont plus que des spectateurs, soumis au silence, exclus du jeu d’acteurs qui se déroule devant eux. Ainsi reclus, je ne risque plus grand chose. Ces clairvoyants seront fuis par les tartuffes, de crainte d’être découverts. On sera mal à l’aise avec eux si l’on a peur de la vérité. Mais ils n’auront pas le courage de me dénoncer, de peur d’être encore plus honnis.
Les voilà donc livrés à la solitude. Pour combler leur manque, ils sont forcés à trouver l’amour, le vrai, pas la parodie que je m’amuse à délivrer.

Car c’est là où je me révèle géniale. Dans mon univers de mensonges, de plaisirs faciles, de légèreté, d’apparences trompeuses, de mascarade, de rapports humains sans profondeurs, j’ai fait croire à beaucoup que l’amour est un mirage. Je suis donc là pour longtemps.

Elements de décoration


O for a muse of fire, that would ascend
The brightest heaven of invention,
A kingdom for a stage, princes to act,
And monarchs to behold the swelling scene!

Bon ici c’est pas Henry V et Azincourt, mais Guillaume de Conquérant et Hastings.
La vraie geste de ces personnages ne ferait pas fantasmer du tout, avec tout ce sang
versé, ces histoires de trahisons et tout le côté bestial de l’humanité.

C’est la représentation qu’en ont fait les moines tapissiers de Bayeux qui importe,
à l’instar de ma collection de romans d’Heroic Fantasy et de certaines illustrations…
Ce ne sont que des portes vers une fantasie, un univers qui me sert à oublier certains
aspects négatifs de la réalité.

Pour l’anecdote, cette tapisserie m’a été offerte par ma mère.
Elle me remerciait en cela pour lui avoir tapé une tonne de textes de philo sur ordinateur.


Entre ces coussins devrait se trouver une belle femme, aux cheveux d’une blondeur vénitienne, et
d’une élégance de princesse… et qui aurait donné un sens à ma vie.


Ce peintre illustre les couvertures de mes romans de poche. J’ai flashé sur ce poster. Va
savoir… L’amour idéalisé, avec une once de manichéïsme. Mais je préfère
en fait l’unité-dualité, sous la forme du papillon.



C’est le côté vicieux de certaines femmes que je n’arrive à pas comprendre.
Faire les pires crasses tout en ayant la candeur d’un ange. A ma décharge, j’ai souffert
des misères d’une garce lors de ma petite enfance, me rendant plus que farouche
envers la gente féminine.

J’ai trouvé l’antithèse de cette reproduction : il s’agit d’une illustration d’un
roman de Marion Zimmer Bradley paru sous le nom La tour interdite et dessiné par
Gimenez. Dans une anthologie consacrée à ce dessinateur, nommée Arkhânes.



Avec toutes ces références à un univers médiéval
fantastique, il fallait bien que j’en ai une… Je concède volontiers le caractère phallique de cet objet,
mais je vous prierai d’éviter tout commentaire freudien -<;-p.

Longtemps le désir de posséder cet épée a rimé avec arlésienne.
Et c’est plus ou moins l’esprit embrumé par un vin viril du pays de d’Artagnan (un Madiran
pour les connaisseurs), que j’ai finalement décidé son achat.

as foolish as any men!


Kriss de Valnor a depuis été remplacée par Flora. Une tapisserie coup de coeur.

Harmoniques

Il me vient l’idée saugrenue de changer le point de vue. Si le monde est beau, pourquoi toujours l’admirer de la même manière ? Existence ou diamant, autant de facettes à explorer.

Loin de prendre du recul, je décide d’une plongée vertigineuse au coeur des choses. Je vois la matière se décomposer et les éléments apparaitrent. Je pénètre plus profondément, et m’aperçois que ces éléments perdent leur nature. Il y a quelque chose en dessous. Encore et encore, je descend. Encore et encore, quelque chose de nouveau sous l’apparence précédente : un jeu de poupée russes, imbriquées les unes dans les autres presque à l’infini.

J’arrive finalement dans un lieu étrange. La lumière n’est pas. Je ne vois rien. Mais j’entends.

Je baigne dans un mélange d’ondes, de fréquences, de distorsions, d’échos, de notes. Une musique étrange est à la base de cet univers. Elle est le tout. Je m’amuse à l’idée d’une personne orchestrant cela, mais ceci est complétement futile.

Ce qui importe, c’est la conviction d’être un morceau de cette symphonie. Cela rassure et réconforte. Je n’ai pas choisi d’être, mais on m’a donné une place, je la tiendrai comme il se doit, j’exécuterai ma partition.

Et si le libre-arbitre n’est pas une illusion, peut-être irai-je moi-même improviser quelques notes. Belles, si possible.

La vue de l’ange

Au belvédère de Fourvière, accoudé contre le parapet qui me sépare du vide… Là, j’y ai vaincu ma peur des hauteurs. Là, j’y admire maintenant l’horizon, les Alpes, les nuages, et parfois les arc-en-ciels.
Ou plus bas, sur le pont rouge à haubans qui relie Presqu’Ile et Vieux Lyon… Là, j’y ai combattu ma peur des vibrations. Le truc ? Se croire léger, s’imaginer avoir des ailes. Là, j’y admire maintenant les nuages, la ville et ses hauteurs, et parfois les gens.

Là, fierté d’avoir affronté mes démons.
Là, sonne le glas de mes angoisses.
Là, sont célébrées quelques victoires sur moi-même.

Et d’un regard bienveillant, je contemple la vie comme on observe un tableau de maître. Je me surprend à imaginer le parcours de telle ou telle personne marchant plus bas. De temps en temps, portant ma vision vers les nuages, je goûte à l’euphorie du sublime. Je reste les pieds sur terre, mais mon âme s’envole pour quelques secondes d’éternité.

Que dit-il ? que je suis semblable à les anges ?

Homo delphinus

Je ne compte pas la distance. Si je devais quantifier, ce serait au niveau du temps passé, ou chose bizarre, selon ce que me dit mon corps.
Je suis dans cet élément, un et entier. Fini le pur esprit, fini l’absence de sensation : je redécouvre cette partie de moi qui me dégoûtait, celle qui se dégrade, celle fragile et éphémère, celle qui finira un jour dans la pourriture, alors que l’autre sera oubliée d’elle-même.
Ici ne compte que l’instant présent : penser à respirer, contrôler mes membres, sentir et réagir. Et cela juste pour avancer dans ce milieu apparemment hostile. Un moment d’oubli et c’est la tasse. Un faux mouvement et la vitesse est perdue. Il faut continuer à bouger, sinon le froid me gagne. Toujours se battre et se renforcer contre l’inertie de l’eau.
Ce n’est pas le chemin doré de la sagesse. Mais cela y ressemble : c’est une voie bleue qui mène au plaisir. J’y trouve les caresses qu’un amant saurait me donner, j’y retrouve inconsciemment la matrice originelle, je me réconcilie avec cette chair, j’y gagne une fatigue bienfaisante.

J’y éprouve ce qu’on appelle de l’harmonie.

Le cul de Notre Dame

Debout, une main posée contre le rebord du pont de la Tournelle, le regard parcourant l’ouest.
Ou marchant sur les quais en dessous, l’esprit libre mais tourné vers le soleil couchant.

Là, je contemple un étrange vaisseau qui semble flotter sur la Seine. Une dentelle de pierre façonnée par la main et la foi des hommes. L’image peut varier, selon le temps : je la vois sous un ciel bleu, avec ou sans nuages parcourant le ciel, sous la bruine ou une pluie dense, souvent la nuit, parfois le jour. J’imagine que le temps s’accélère et que les nuages et les journées défilent plus rapidement. Mais l’édifice est toujours là.

Même si je sais que son temps viendra, que cette cathédrale s’effondrera un jour… A l’échelle qui est la mienne, vient en moi le sentiment que certaines choses sont immuables.

Un point de repère, sur lequel accrocher les épisodes de ma vie et pouvoir prendre la mesure sur moi-même.

Gare de Lyon

Après une journée de shopping à Paris et/ou un resto entre gentils garçons… Le retour de la capitale de France vers la capitale des Gaules… Et donc l’attente à la gare de Lyon.

Loin d’être ennuyeuse, la demi-heure ou l’heure défile sans que j’en prenne conscience. Pas de journal ni de livre à lire, ou alors c’est un subterfuge. Pas de citronnade ou de pâtisserie à consommer : trop cher. Je m’installe discrètement dans un coin, et je regarde patiemment les gens.

Ils se retrouvent, ils se quittent, s’embrassent ou se serrent la main. Coups de téléphone portables, valises ou sacs à trainer… Ils sont pressés ou placides, fidèles à eux-mêmes, leurs petites habitudes se révèlent, ils sont toujours esclaves du temps, mais certains sont bénis par l’amour (les veinards !). Petits fragments d’humanité formant une toile vivante, les couleurs de la vie se marient au gré des arrivées et des départs. Un tableau toujours changeant, toujours plaisant à l’oeil.

Quelque soit l’apparence de ces personnes, il me semble même entrevoir leur essence, et je me délecte de les voir si beaux.

Le code

Cela aurait pu s’appeler ‘Le verbe’, mais l’écriture ne se fait pas sur du papier. Je ne m’adresse pas non plus à une personne. J’aligne des instructions, déclare des constantes, instancie quelques variables, prévois et gère les événements, joue avec les conditions… et structure le tout, pour un simple ordinateur.

Mes mains s’agitent sur le clavier, j’aligne du code, je mets en caractères mes idées, j’applique la souveraine logique, tout en me conformant au langage de la machine, à ses règles, ses subtilités et parfois ses caprices. Le droit à l’erreur n’existe pas, ou très peu. Quand le code devient programme, tout doit s’exécuter sans anicroche, sans perturber les autres processus. L’excellence se joue sur la rapidité du résultat et la concision du message. L’esthétisme est omniprésent : la beauté se trouve dans le code lui-même, essentiellement dans la forme qu’il revêt.

Et je me demande toujours comment la gestalt se met en marche, et pourquoi j’en tire autant de jouissance. Etonné moi-même d’être capable d’utiliser le verbe pour créer tel ou tel programme. Fasciné par cette magie qui fait de moi un architecte et un artiste. Sans doute l’impression d’emprunter au divin une de ses qualités :

…qu’il n’y a besoin que de mots pour faire exister
…qu’il suffit de dire pour être.

Walking in the rain

Pas de parapluie ni de capuche, en chemise légère ou tee-shirt, être sous une pluie dense et fraîche. Sentir les gouttes de pluie rencontrer ma peau, humer l’air épuré des gaz des voitures, ressentir ma fragilité face au vent et pourtant ne pas courber l’échine. Etre droit, pour mieux subir les éléments et par là même, me sentir vivre.

With hey, ho, the wind and the rain… 🙂

Ne pas courir après

Petit amusement lorsque les gens courent après le tram ou le bus. Pourquoi tant d’empressement sachant qu’il y en aura un prochain, quelques minutes plus tard ? Je les vois s’agiter, ils essayent de ne pas perdre leurs affaires et leur brushing, quelques gouttes de sueur perlent sur leur front, l’anxiété masque leur beauté apparente… Et je me vois – moi – les voir, avec un sourire intérieur, marcher à mon rythme, les considérant comme esclaves du temps, ne comprenant pas leur impatience, leur désir d’immédiateté. « Avoir ce putain de tram et pas le suivant » est d’une importance capitale, mais un sentiment critique, paresseux et égoïste me dit que cela n’en vaut pas la peine.

Tea Time

L’instant magique du thé… Vert ou Noir, acheté spécialement à Paris. Additionné de parfums subtils qui titillent agréablement les narines : épices, rose, cannelle ou assemblages exotiques, choisis selon l’humeur. Sans ajout de sucre. Préparé de façon presque méticulueuse, voire ritualisée, avec les ustensiles que l’on fini par aimer.

A chaque petite gorgée se renouvelle la sensation de chaleur. Un bienfait qui se diffuse doucement dans mon corps, stimulant mes organes, excitant mes sens, et paradoxalement, reposant mon âme, y installant un semblant de paix.

La terre peut trembler, je n’ai que faire. Je suis dans une bulle, baigné par la contemplation et l’intemporel. De là, il est possible de prendre la mesure et de voir la beauté du monde qui m’échappait auparavant.

Juste avant de dormir

Quand les lumières sont éteintes, que les draps recouvrent et réchauffent mon corps, que la sensation de retrouver la matrice originelle emplie mon être…

Avant que le noir et l’absence me submergent, avant que ma conscience entame les procédures de shutdown recover et garbage collection

…une pensée affectueuse à chacun de ceux qui comblent mon existence.

Petite flamme

Le soir ou dans la pénombre, allumer une bougie odorante pour :
– la lumière chaude et reposante.
– la chaleur qui me fait penser à une personne que j’aimerais avoir à mes côtés.
– la petite flamme vivante qui rompt la solitude et l’immobilité.
– l’odeur de vanille, cannelle ou autre parfum que la cire dégage.
– un peu de spiritualité ou de mystère. Ne suis-je pas un alchimiste noctambule, un pèlerin faisant voeu, un animiste priant les éléments ?

Le petit bonheur primordial

Ou comment s’arranger avec son anhédonisme…

Comment jouïr de la vie, lorsque l’on est pas équipé pour ?
Vivre sans pouvoir apprécier ce qui est bon, tout en endurant les mauvaises choses.

Les petites flammes du désir qui semblaient embellir l’enfance se sont éteintes sous les assauts récurrents de la dépression, la phobie sociale et la solitude affective. La crise existentielle a fait constater à l’adolescence une marque indélébile : l’absence de plaisir, autant physique que psychique. Que reste-t-il alors comme espérance pour remplir cette vie, et partir comblé lorsque la déchéance viendra ? L’on souhaite alors provoquer la mort au plus vite, qu’elle vienne à l’instant ou dans une heure, plutôt que subir des années sans saveur. Il n’y a plus que devoir, devoir, devoir… Se souvenir qu’il y a des gens qui nous aiment, se lever chaque matin pour aller gagner de quoi payer son pain et son logis, se forcer à tenir une conversation, faire semblant de se réjouïr pour faire plaisir aux autres, être là pour ceux qui le demandent… Dur, dur, dur… L’on ploie mille fois sous l’effort, mais il faut tenir, tenir, tenir…

Je m’imagine souvent en ange déchu, condamné à vivre la vie des hommes, emprisonné sur terre à cause d’une faute dont je n’aurais plus le souvenir. Même sans mémoire, j’en déduis que mon existence antérieure a dû être merveilleuse pour que je considère cette présente vie, morne, insipide, plate, …à crever.

Aussi fais-je un pari qui rappellerait celui de ce satané Pascal : Paradis ou pas, Bonheur ou pas, j’accepte ce purgatoire dans l’espérance d’en être libéré un jour et retrouver ce qui m’a été confisqué. J’endurerai la peine de vivre selon la loi de la nature et les lois des hommes. Et parmi la tonne de devoirs, celui d’apprendre à aimer la vie et à en jouïr ne doit pas être si dur que ça.

Je serais donc, comme il me plaira, tantôt acteur tantôt spectateur du monde. Naïf et avide de sensations comme nouveau né. Nuit et jour, une éponge sensorielle. En constant émerveillement devant la beauté de ce monde. Vivre de petites aventures ou de grandes passions… A force, il se pourrait bien que je regrette cette existence quand l’heure sera venue.

Le Petit Bonheur Primordial est en fait final : quand la mort m’accueillera, devrais-je sourire pour être enfin libre des contraintes de la vie ? ou bien devrais-je sourire pour avoir eu une vie comblée de petits bonheurs ?

Living-room, version 1.0


Sous un extrait de la tapisserie de Bayeux, entre le coussin du Lion et celui de la Licorne, que croyez-vous que je puisse faire ? D’abord dormir, vu que le joli clic-clac se transforme en pieu plus que confortable. Ensuite rêver au travers de mes ouvrages favoris tels certaines pièces de Shakespeare ou les romans d’Heroic Fantasy en langue anglaise.

Pour la petite histoire, ce sofa est un modèle ikea (comme tout le reste d’ailleurs 😉 que j’ai acheté pour fêter la réussite au concours de 1ère année en Fac de Pharma. Major en plus, il n’y a pas plus aliénant que de lire son nom en première position d’une liste de reçus quand on ne s’y attend pas.


Et un fauteuil pour se délasser, il accueille plus en ce moment le linge à repasser que mon séant. Mais il y a des périodes où ce mobilier soulage mon petit corps fatigué.


On se tourne maintenant vers la bibliothèque. L’élément au fond conserve ma petite collection de bandes dessinées.
Vous remarquez la planche à abdos. Une utilisation régulière me permet d’avoir un ventre maintenant plat, mais pas encore avec carrés de chocolat dessus. Il y a encore du travail à faire 😉


Au milieu un aquarium. Mais sans poisson. L’aquariophilie était mon passe-temps d’adolescent, sinon ma grande passion, au grand désespoir de mes parents, plutôt désireux que j’aille sortir en boîte, courrir le jupon et monter à moto. Donc pas possible d’avoir un aquarium géant, ni de voir grandir les petites écailles.
Cette passion a donc été étouffée avec regrets et larmes. Je ne conservais à la fin plus qu’un Betta Splendens
Cet aquarium ne sert plus qu’à cultiver des Anubias, ma foi fort jolies et résistantes. Elles font parfois des fleurs.