Sans fatigue. Aucune douleur, aucune crampe. Le geste n’est peut-être pas aussi parfait que la doctrine l’exige, mais cela me suffit amplement. Du moins lorsque mon esprit y prête attention. Optimisé et durable. Économe et pourtant efficace. Quand d’autres sont à la peine, je file, je trace. Ligne droite, trajectoire imaginaire. Le seul but étant d’avancer, loin et vite. Mais sans compter la distance. Les longueurs ne sont plus significatives. L’espace se courbe, et aurait même tendance à se replier.
Avec parfois un regard sur le panneau horaire. La comparaison avec mon horloge interne dénote une incohérence. Ma notion du temps est altérée. Ou est-ce le temps lui-même qui s’altère ? Les minutes sont élastiques, les secondes inégales, certaines éternelles, d’autres insignifiantes.
Je suis dans mon corps comme le navigateur dans un vaisseau spatial. Mécanique bien huilée, en parfaite condition. Mon esprit est à la fois conscient du corps et déconnecté de ce dernier. A la fois oubli de soi, et éveil total. Ils appellent cela le « flow ». L’homéostasie maîtrisée à la perfection, j’avance dans cette eau comme si je filais entre les étoiles.
Et pour rajouter au bien-être, à cette apesanteur, au largage des soucis à des années-lumière : se rappellent à mon souvenir un air ou deux de musique…
Catégorie « Space Rock ».