Des tonnes d’eau sont passées sous les ponts, les fanboys nourris au TOS 1.x il y a 30 ans sont devenus grands. Ils ont pour la plupart les moyens et certains ont pu acquérir de nombreuses compétences.
8 Mo de RAM en plus dans un Atari, cela se faisait. Rajouter un TOS 2.x sur un vieux ST, aussi. Rajouter un port IDE également. Le tout sur la même carte, on a vu, c’est sorti sous le nom de H&N Multiboard avec un prix prohibitif.
Là, Alan Hourihane (AlanH) pour la partie hard et Joe Even Starkein (Joska) pour la partie soft ont sorti cette carte multifonction pour un prix très abordable, avec quelques fonctionnalités en plus.
Pour résumer :
- TOS flashable, 4 emplacements, sélectionnables via des jumpers, pour les versions 1.x et 2.x du TOS.
- ports IDE : 1 master, 1 slave
- 0 à 8 Mo de Alt-RAM (un peu similaire à la TT-RAM, sans la rapidité), en plus de la ST-RAM de la machine.
- Real Time Clock, pour les machines dépourvues d’horloge sauvegardée par pile.
- versions pour MegaST et STF, STE, MegaSTE.
- sur MegaST, pas de soudure si vous achetez l’adaptateur qui se pose sur le MegaBus (le port 68K interne). Sur MegaSTE, c’est clippable sur le socket du 68K carré. Sur les autres modèles, il faut cependant déssouder le 68K, placer un support et reposer un 68K par dessus.
La commande
Petite difficulté : le site web AtariKit où commander la carte n’est pas accessible via le réseau Free.fr. L’hébergement utilise une technique bizarre sur le nom de domaine, il faut ruser avec le traducteur de Gogole ou passer par une crémèrie différente, genre un accès Orange. PayPal est requis pour le paiement, et c’est devenu assez pratique de nos jours, pour commander les homebrew Atari proposés un peu partout en Europe.
Un peu de patience est requise vu qu’AlanH travaille à flux tendu, en petites séries, sous-traitant la fabrication on ne sait où, et faisant un contrôle qualité avant d’envoyer le tout via Royal Mail. Il prévient via un email PayPal lorsque le paquet est « shipped », avec numéro de suivi, et cela arrive assez rapidement.
L’installation
L’on retire les innombrables scotches entourant le paquet, et l’on peut admirer la qualité de la carte. La carte MonSTer est déjà montée sur l’adaptapteur MegaBus, un câble d’alimentation part de la carte adaptatrice et est à brancher sur un des connecteurs d’alimentation de la carte MegaST (celui réservé aux cartes additionnelles).
Un petit câble supplémentaire (voir photo) se trouve proposé si l’on veut booter à partir d’un disque IDE (si le driver disque est autre que HDDriver). Dans mon cas, pas besoin, mon MegaST démarre sur la chaîne de périphériques SCSI via un convertisseur ASCI-SCSI. Des informations complémentaires se trouvent dans le thread du forum Atari dédié.
En bref: on plugge. Aucune soudure pour MegaST, le 68K d’origine est là avec son blitter-patch. C’est toujours possible de déssouder/souder, mais il faut préciser votre type de machine et vos désidératas lors de la commande, pour qu’AlanH prévoie un support 68K sur le MonSTer. Votre port MegaBus peut en effet servir à poser un adaptateur pour carte graphique ET4000 (bientôt, encore du homebrew).
Ci-dessous les photos. Ah, un truc non précisé dans la documentation (à l’heure où j’ai installé) : il faut retirer les ROMs d’origine. Adieu donc les 6 chips du TOS 1.4 qu’un atariste m’avait dépanné un jour, après que j’eusse brûlé un des précédents chips en le plaçant à l’envers.
La configuration
En partie faite avec des jumpers sur les broches de la carte. Attention, ils ne sont pas livrés, vu qu’ils sont plutôt option : le fonctionnement de base ne les nécessite pas, le TOS 2.06 UK est déjà présent. Heureusement que j’en avais conservé lors du grand ménage après la vente de mon Falcon. Et comme j’avais oublié de préciser ma langue d’origine… On est donc parti pour récupérer un peu officieusement les ROMs qui vont bien, et utiliser le logiciel de flashage, où les jumpers sont plus qu’utiles.
Les outils pour configurer la carte sont à chercher sur le site web. A la date où j’ai fait l’installation, la documentation fournie était assez succincte et ne décrivait pas tout les cas possibles. Cela s’est peut-être arrangé. Il est souvent difficile pour le développeur d’écrire un mode opératoire ou lister toutes les fonctions possibles, vu qu’il connaît par coeur son produit, et qu’il n’est pas évident de se mettre à la place de l’utilisateur final.
M_ALTRAM.PRG : à placer dans le dossier AUTO. Lancé au boot, il déclare à l’OS la RAM supplémentaire que le système va considérer comme de la Alt/TT-RAM. Lancé depuis le bureau, il sert aussi à configurer la quantité (0, 2, 4, 6, 8 Mo) et à la tester.
Problème sous MagiC, le cookie _FRB déjà présent empêchait la déclaration de cette Alt-RAM. Un patch a été fourni sur le www.atari-forum.com. Il est possible que la version officielle intègre la correction.
M_FLASH.PRG :
– 2 zones sont utilisées par la carte. La première est utilisée par le ST pour accéder à la ROM actuelle et non flashable en cours de fonctionnement, l’autre est inutilisée et flashable. L’on peut interchanger/swapper ces deux zones à l’aide d’un jump sur les broches FLASHSW. L’on flashe donc la partie non fonctionnelle. C’est une sécurité assez intelligente, mais la difficulté a été de comprendre ce système. Donc flashage du TOS 1.4 FR et 2.06 FR sur le seconde zone et pose du jump : j’ai pu enfin obtenir l’effet escompté après de multiples tentatives.
Exit donc le NEWDESK.PRG du dossier AUTO de ma configuration, vu que le TOS 2.06 est là dans toute sa splendeur. Cela libère de la ST-RAM et c’est bien.
– dans chaque zone, se trouvent 2 emplacements ; l’un pour un TOS 1.x, l’autre pour un TOS 2.x. L’intérêt est d’avoir un 2.x, seul capable de gérer la Alt-RAM et l’IDE. Mais si vous avez l’envie de rejouer à un vieux jeu qui tape dans la ROM comme un goret (genre Golden Path sur TOS 1.0), le jumper TOSSEL est là pour ça (si posé alors 1.x, si absent alors 2.x).
– en cas de flashage complètement raté sur les deux zones, et pour éviter de retirer la carte, les broches FLASHON permettent de tapper dans la ROM d’origine (ne pas oublier de la remettre). Si posé, le jumper demande au ST de taper dans la ROM d’origine. Si absent, c’est la Flash de la MonSTer qui est utilisée.
Il serait en théorie possible de flasher MAGIC.RAM dans la carte, mais l’utilitaire râle car il faut des tailles exactes de fichiers (192 Ko et 256 Ko). Faut-il bidouiller le fichier pour compléter avec des zéros ? A tester…
M_RTC.PRG : non testé, vu que l’horloge du MegaST est déjà présente, les piles n’ont pas été changées depuis le déluge.
D’autres broches sont là pour les bricoleurs : intervertir les disques IDE master/slaves, LEDs pour l’activité des disques IDE, horloge, reprogrammation du xilinx…
A noter que MagiC peut attendre 20 secondes au boot : il cherche à booter sur l’IDE en priorité, puis, s’il est absent, passe à l’ASCI-SCSI.
L’utilisation
C’est carte devrait être obligatoire pour tous les ST : elle a redonné du mojo à mon vieux MegaST, que je délaissais à cause de la FireBee à côté.
Mon Troll peut reprendre à nouveau ses aises, surtout avec PolarSSL. Lors des tests, non reconnaissance de la Alt-RAM sous MagiC, j’ai upgradé sa version en 5.13 vers 6.1, mais le problème venait de M_ALTRAM (cf ci-dessus). J’ai quelques rares crashs sous MagiC 6 mais je pense que cela vient de MagiC lui-même : on va garder cette version pour tester le support de Magxnet dans une future release de PolarSSL. Puis downgrader en MagiC 5 qui plus adapté et très stable sur les vieux ST. Aussi, par prudence, désactivez le flag « Fastload ». Sous monoTOS de base, aucun crash noté.
D’une façon générale, le TOS 2.x comme MagiC vont utiliser la Alt-RAM, et les logiciels dont les développeurs ont pensé à gérer la présence éventuelle TT-RAM vont bénéficier grandement de cet ajout de mémoire. Pour les autres, quoique risqué, l’on peut toujours bidouiller les flags dans l’entête de chaque programme pour le forcer à utiliser cette RAM.
Je n’ai pas encore testé l’IDE. Certains ataristes rajoutent un convertisseur IDE-CompactFlash : de quoi avoir plein de place disque pour pas cher. Dans mon cas, vu la configuration en tower, je cherche un disque ZIP IDE. Ma version de HD Driver doit suffire (7.x, fournie en bundle avec l’achat d’un lecteur ZIP SCSI externe chez PARX, ça nous rajeunit pas !), mais je pense racheter la dernière version chez l’auteur directement.
Je répète : cette carte roxx du poney, elle kicke les asses, c’est tout simplement LE MUST.