Cela aurait pu s’appeler ‘Le verbe’, mais l’écriture ne se fait pas sur du papier. Je ne m’adresse pas non plus à une personne. J’aligne des instructions, déclare des constantes, instancie quelques variables, prévois et gère les événements, joue avec les conditions… et structure le tout, pour un simple ordinateur.
Mes mains s’agitent sur le clavier, j’aligne du code, je mets en caractères mes idées, j’applique la souveraine logique, tout en me conformant au langage de la machine, à ses règles, ses subtilités et parfois ses caprices. Le droit à l’erreur n’existe pas, ou très peu. Quand le code devient programme, tout doit s’exécuter sans anicroche, sans perturber les autres processus. L’excellence se joue sur la rapidité du résultat et la concision du message. L’esthétisme est omniprésent : la beauté se trouve dans le code lui-même, essentiellement dans la forme qu’il revêt.
Et je me demande toujours comment la gestalt se met en marche, et pourquoi j’en tire autant de jouissance. Etonné moi-même d’être capable d’utiliser le verbe pour créer tel ou tel programme. Fasciné par cette magie qui fait de moi un architecte et un artiste. Sans doute l’impression d’emprunter au divin une de ses qualités :
…qu’il n’y a besoin que de mots pour faire exister
…qu’il suffit de dire pour être.